Alors que depuis septembre, les cloches des établissements de l’enseignement supérieur sonnent chacune leur tour un retour en classe, la rentrée 2022 en France rime aussi avec inflation. Un source d’angoisse constante pour les étudiant.e.s qui doivent faire face à l’augmentation du coût de la vie. Une étudiante témoigne.
« J’appréhendais beaucoup la rentrée car je savais déjà que ce serait difficile de finir le mois. L’argent est devenu une source d’angoisse, je dois compter chaque centime » raconte Amandine* ce lundi à Écosimple. La jeune femme de 25 ans est étudiante en master de direction de projet culturel à Angers et à la mi-septembre, comme beaucoup d'étudiants, son compte était déjà à découvert. L’enquête de rentrée de l’UNEF (Union nationale des étudiants de France) montre du doigt une augmentation annuelle du coût de la vie étudiante de 6,7%. Cette dernière coïncide avec les chiffres du rapport de Fage (Fédération des associations générales étudiantes) qui souligne une augmentation de 7,38% par rapport à 2021. Des chiffres qui, au-delà des rapports, impactent réellement la vie de nombreux étudiants.
Depuis son retour sur les bancs de l’école après deux années de césure où elle était vendeuse en prêt-à-porter, Amandine a du mal à joindre les deux bouts. En plus de ses études, elle se voit obligée de travailler le soir et certains week-ends au grand théâtre d’Angers pour pouvoir payer la location de son appartement. « Mon loyer est de 440 euros. Pour le payer, il faut que je cumule ma bourse, les revenus de mon job étudiant et la CAF. Et encore, le tout ne fait que 435 euros. Les comptes ne sont pas bons. Honnêtement, je ne sais plus comment faire ».
Un problème de système
Pour Amandine, boursière à l’échelon 0 bis, le système des aides est très mal étudié. « Mes parents m’aident très peu financièrement mais mes bourses sont quand même basses car mon université est proche de leur domicile. Seulement je suis obligée d'avoir un appartement car je n'ai pas le permis. A contrario, j’ai un ami qui perçoit beaucoup plus d’aides car le domicile de ses parents est plus éloigné ». Pour survivre, l’étudiante est donc dans l’obligation de faire quelques concessions : « Je mange au CROUS tous les midis et aussi certains soirs car les repas y sont à 1 euro. J’ai arrêté la viande, je mange désormais principalement des féculents et des légumes. Je limite aussi énormément mes sorties, ce qui est très frustrant car c’est important d’avoir une vie sociale… Pour toutes ces raisons, je suis à la recherche d’un autre job mais c’est compliqué car la plupart des employeurs recherchent des personnes pour travailler plus de 25 heures, ce qui est incompatible avec mes études. »
Malgré les difficultés et l’inflation, Amandine ne se sent pour autant pas en droit de bénéficier du soutien d’épiceries solidaires. « Pour l’instant, je ne me sens pas encore légitime de demander de l’aide. Je ne veux pas prendre la place de quelqu’un qui en a vraiment besoin ».
Un peu partout en France, les associations d’aide alimentaire, elles aussi fragilisées par les crises successives notent une augmentation de leurs bénéficiaires en cette rentrée. Selon l’Insee, jusqu’à 4 millions de familles, se nourrissent aujourd’hui en partie d’aliments récupérés gratuitement.
*Le prénom a été modifié.
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