Dans une enquête publiée début septembre dans la revue Economics Letters, les professeurs Alexandre Garel d’Audencia, Adrian Fernandez-Perez de l’université d’Auckland et Ivan Indriawan de l’Université d’Adélaïde, se sont aperçus que la mauvaise humeur pouvait être associée à une volonté plus importante d’investir dans des fonds durables.
L’aspect émotionnel joue un rôle prépondérant dans nos décisions d’achats et dans les décisions d’investissement. La cause environnementale devient davantage centrale dans notre vie quotidienne, y compris dans celles des investisseurs. Ce groupe de chercheurs a donc tenté de comprendre les raisons qui les poussent à investir dans ces actifs financiers durables et quel rôle joue le ressenti émotionnel dans leurs décisions, et le constat est étonnant : être de mauvaise humeur s’avérerait bénéfique.
Investir dans des actifs durables, un pari moins risqué
La théorie avancée par les chercheurs est la suivante : les actifs considérés comme durables se sont révélés plus attractifs en cas de crise, car les investisseurs les considèrent comme plus fiables. Selon eux, ils présentent moins de risques structurels, juridiques et réputationnels.
Cette théorie repose également sur l’idée qu’une humeur moribonde entraîne un comportement plus enclin à la prise de risque. C’est pour cette raison que lorsqu’une personne est sujette à une émotion négative, elle aurait tendance à agir de manière raisonnée, à être plus prudente dans ses décisions d’investissement et à choisir des investissements plus raisonnables.
Comment déterminer ce degré de mauvaise humeur ?
Afin de distinguer les fonds durables des fonds non durables, l’équipe de chercheurs a utilisé l’index Morningstar Sustainability, destiné à aider les investisseurs à mieux comprendre et gérer le risque de leurs investissements. Plus la note de durabilité obtenue est élevée, plus le risque est faible.
Pour mesurer l’évolution moyenne de l’humeur chez une personne, les chercheurs ont développé une unité de mesure, nommée “OR”, qui calcule l’évolution du pourcentage mensuel de personnes souffrant de dépression saisonnière. Plus l’OR mesuré est élevé, plus l’humeur baisse. Au nord de l’équateur, l’OR est élevé en automne, faible au printemps et modéré en été et en hiver. Les pays situés au sud de l’équateur connaissent le schéma inverse.
De manière générale, plus les investissements sont durables, plus ils attirent les investisseurs. Les chercheurs constatent que lorsqu’il y a une augmentation du pourcentage de personnes en dépression saisonnière, les investissements dans les fonds à durabilité élevée augmentent par rapport aux autres, plus risqués (0,070% de plus par mois ou 0,84% par an). Pour un fonds commun de placement moyen d’une taille de 100 millions d’euros, cet afflux de capitaux supplémentaire équivaut à 840 000 euros par an, une somme non négligeable.
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