Alors que l'inflation dépasse les 6% en France, les associations d’aide alimentaire notent une augmentation de leurs bénéficiaires en cette rentrée 2022. Pour permettre l’accès des personnes dites « fragiles » à une alimentation saine et sans contrainte de pouvoir d’achat, les épiceries solidaires se mobilisent. Ce vendredi, Écosimple est allé à leur rencontre.
« Nous accueillons des personnes qui sont vraiment dans le besoin. Inflation ou pas, elles n’ont pas de quoi se nourrir » déclare Marguerite, membre fondateur de l’association « La porte bleue » située à Malakoff dans le département des Hauts-de-Seine, ce vendredi à Écosimple.
Déjà fragilisées et très sollicitées durant la pandémie de Covid-19, les associations d’aide alimentaire sont une fois de plus en première ligne de la précarité exacerbée par la crise inflationniste et énergétique. Née après le premier confinement, l’association qui s’est construite sur le principe de « qui peut, donne ; qui a besoin, prend », à vue son nombre de bénéficiaires s’accroître très rapidement. « On a commencé avec 8 familles et on en aide aujourd’hui plus de 90 par semaine ». Ici, tout est gratuit, le nombre d’articles augmentent en fonction du nombre de personnes dans le foyer.
Les étudiants sont aussi les premiers touchés par cette crise. Situées dans les universités elles-mêmes, les AGORAé sont des épiceries sociales et solidaires qui proposent des produits 90% moins chers qu’en supermarché. Ainsi, elles viennent en aide aux étudiants en situation de précarité avec un reste à vivre situé entre 1,50 et 7,50 euros. Face à la montée des prix, Alexia chargée de communication pour l’AGORAé Paris Saclay a constaté une augmentation de la demande : « L’inflation a poussé certains étudiants qui n’osaient pas avant, à faire une demande d’aide ».
Les épiceries aussi impactées
Les trois associations qui fonctionnent grâce à l’aide des banques alimentaires, des dons et des collectes de nourriture sont aussi impactées : « L’inflation nous concerne forcément dans la mesure où nous sommes parfois amenés à faire des achats pour l’épicerie. Le coût de base des denrées étant plus important, celui pour les bénéficiaires le sera malheureusement aussi. » déplore Astrid Vice-présidente de l’AGORAé UVSQ. « Nous sommes beaucoup plus limités. Le problème c’est qu’avec l’inflation les dons sont moins nombreux et il y a très peu de choix à la banque alimentaire » explique Alexia de l’AGORAé Saclay. Des propos qui résonnent avec ceux de Marguerite de l’association « La porte bleu » : « Quand l’inflation impacte trop un produit, c’est difficile pour nous d’aller les acheter, on fait très attention. Un des produits phares en 2021, c’était l’huile de tournesol car toutes les familles que l’on reçoit cuisinent beaucoup à l’huile. Sauf que le prix de l’huile s’est enflammé donc ce n’est plus possible pour nous d’en acheter. Ça a été un vrai gros changement.Par contre, on essaye quand même de garder des incontournables comme la farine et le sucre ».
Les produits manquants ont forcé les associations a adapté leur mode de communication : « Les stocks sont différents d’une semaine à l’autre. On a donc modifié notre manière de présenter les produits aux personnes. Avant, on leur demandait ce qu’il leur ferait plaisir, aujourd’hui, on énonce la liste des choses que l’on a et les gens choisissent ». Pour les trois associations, le local est gracieusement prêté par les universités ou la paroisse de Malakoff ce qui n’a donc pas augmenté le prix des charges et de leur facture d’électricité.
Au-delà de l’accès à l’alimentation, les trois épiceries veulent aller plus loin dans leur démarche en créant du lien avec les bénéficiaires. Si l’AGORAé Paris Saclay propose des activités comme des ateliers couture ou des séances de cinéma. Dans l’association « La porte bleue », les bénévoles prennent le temps de discuter avec toutes les personnes qui le désirent.
Cyrile Pocreau
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